lundi 6 avril 2009

Amiante : procès d’un désastre humain et sanitaire

Ce lundi 6 avril 2009 s'ouvre à Turin, en Italie, le procès d'anciens actionnaires et propriétaires du groupe Eternit. Un procès emblématique pour toutes les victimes de l'amiante, car c'est la première fois que des actionnaires sont jugés à titre personnel pour des dommages subis par les salariés.

Bien que déclaré dangereux dès 1906, l’amiante, longtemps utilisé comme isolant, a fait des milliers de victimes avant d’être interdit dans certains pays. Regroupées en associations, les victimes se battent pour demander réparation et exiger son interdiction partout dans le monde.

En un siècle, les industriels occidentaux ont répandu 200 millions de tonnes d’amiante sur la planète, et – l’Organisation mondiale de la santé l’affirme – 100 000 personnes vont mourir chaque année dans le monde à cause de ce matériau. On sait par ailleurs que la dépollution est aussi onéreuse que dangereuse.

Non seulement l’amiante n’a pas été interdit partout, mais une nouvelle catastrophe sanitaire et écologique est à prévoir, car sa production est repartie à la hausse. La Russie, l’Inde, la Chine, le Brésil et les pays émergents auront aussi droit à leurs asbestoses, leurs mésothéliomes, leurs plaques pleurales.

Des associations de victimes françaises et italiennes se sont rencontrées à Casale Monferrato, petite ville d’Italie ravagée par l’amiante, pour échanger leurs expériences dans le combat qu’elles ont engagé pour leur droit à une réparation du mal subi. En effet, plus de 3 000 victimes, principalement de Casale Monferrato, ont porté plainte contre la multinationale Eternit devant le parquet de Turin. Pour la première fois les barons de l’amiante vont devoir expliquer comment ils ont érigé leurs fortunes en empoisonnant des hommes.

Les mêmes mensonges…

Et même si, au détour d’une phrase, d’un souvenir, la tristesse rend son regard lointain, ce militant du Comité amiante prévenir et réparer (Caper) de Bourgogne venu en délégation prend des notes, se renseigne, partage avec ses collègues d’Eternit en Italie, membres de l’Association des familles victimes de l’amiante de Casale Monferrato.

Anna Maria Giovanola, le souffle coupé par une asbestose, avait dix-neuf ans en 1955, lorsqu’elle est entrée chez Eternit. « Le médecin m’avait dit que c’était sans danger. Aussi sûr que d’être employé dans une banque. » « Ils nous ont fait les mêmes men­songes, reprend Henri. Quand on avait des visites, à Vitry, on nous donnait des tuyaux d’un diamètre inférieur à usiner, ça faisait moins de poussière… et on nous demandait de cacher les balais. » « Et les masques – quand on en a eu –, impossible de respirer avec. Ils étaient bouchés en quelques minutes. » Piero Ferrariz, lui, est entré à l’usine à quinze ans. Il a d’abord travaillé dans l’épicerie située à l’intérieur de l’usine. Puis il a été embauché « à la chimie », où il testait la résistance des mélanges à base d’amiante provenant d’Urss, du Canada ou de la mine voisine de Balangero. « Le matin, le train chargé de sacs de jute contenant l’amiante était déchargé par les gars, payés au quintal. » Crocidolite, chrysotile : il a manipulé toutes les variétés d’amiante, qu’il est allé travailler jusqu’en Suisse, à Niederurnen, où Eternit « payait mieux ». La Suisse, où travaillait son oncle, mort à soixante-cinq ans, deux jours avant la retraite, les poumons « pétrifiés » par l’amiante.

Bon à savoir :

Associations de victimes de l’amiante en Europe

France : Association nationale des victimes de l’amiante (Andeva).
Site Internet :
http://www.andeva.free.fr/

Italie : Association des familles victimes de l’amiante.
Site Internet :
http://www.aea-nazionale.org/

Suisse : Comité d’aide et d’orientation des victimes de l’amiante (Caova).
Site Internet :
http://www.caova.ch/

Belgique : Association belge des victimes de l’amiante.
Site Internet :
http://www.abeva.be/

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