dimanche 6 décembre 2009

Aujourd’hui Saint Nicolas : Entre histoire et légende

Voilà qu'approche la fête du saint patron des Lorrains, célébré également en Alsace et dans le Nord de la France, en Allemagne, dans les pays du Benelux et jusqu'en Autriche. Cette date a longtemps été aussi importante que celle de Noël. C'est en effet à cette occasion que nos parents (et grands-parents) recevaient des cadeaux, des oranges ou du pain d'épice, tandis que la date du 24 décembre n'était que synonyme de messe de minuit et de jeûne jusqu'au lendemain midi !

St nicolas 1

La vie de Nicolas de Myre
Celui que l'on célèbre était évêque de Myre, ville portuaire de l'actuelle... Turquie ! Nicolas serait né à Patare, une cité de Lycie (sud-ouest de la Turquie), entre 250 et 270 ap. J-C, et serait mort un 6 décembre (entre 334 et 352) à Myre (actuel Demre, entre Antalya et Marmaris), où il aurait été enterré. Nicolas est issu d'une riche famille chrétienne. Il est lui même le neveu de l'évêque de Myre et choisit très vite de consacrer sa vie à lutter contre la misère. A la mort de son oncle, le généreux Nicolas est élu évêque par ses pairs, à une période où la religion chrétienne est interdite par l'Empire Romain. Elle se pratiquera d'ailleurs clandestinement jusqu'à sa reconnaissance par l'Édit de Milan de 313.
On attribue à Nicolas de nombreux faits et gestes qui ont fait sa légende. Ceux-ci furent recueillis pour la première fois en Grèce au Xème siècle. On notera d'ailleurs qu'aujourd'hui encore, saint Nicolas est l'un des saints les plus populaires du culte orthodoxe, dans les Balkans et en Russie. Par son ancienneté et les aléas de sa transmission, la mémoire qui nous est parvenue cumule sans doute une part de vérité, mais aussi une large part de mythologie...

Et la Lorraine, dans tout ça ?
Saint Nicolas est d'abord célébré en Orient, comme protecteur des prisonniers, des opprimés, mais aussi des navigateurs. Sa vénération se développe dans toute l'Europe Occidentale, et plus particulièrement à partir de 1087, lorsque des marins de Bari (ville du sud de l'Italie) allèrent à Myre sauver son corps des mains des « infidèles » musulmans. Vers 1090, un lorrain, Charles Aubert de Varangéville, rapporta ensuite de Bari une relique de saint Nicolas (sa « dextre bénissante », soit une phalange de sa main droite) qui justifia en 1101 la construction d'une première église qui attira à elle de nombreux pèlerins. Ces pèlerins attirèrent à leur tour des marchands venus de toute l'Europe et firent de Port, petite ville devenue ensuite Saint-Nicolas de-Port, le centre « commercial » du duché de Lorraine. La ville bénéficia de la visite d'illustres visiteurs, dont celle de René II allant libérer Nancy de l'emprise du duc de Bourgogne, le 4 janvier 1477. En reconnaissance à saint Nicolas dont il avait demandé la protection, mais aussi devant l'importance qu'avait prise la ville (plus importante que sa voisine Nancy !), il fit construire la basilique que nous connaissons et où il est toujours possible de voir la phalange de Nicolas.

St nicolas

Les légendes de saint Nicolas
L'explication du mythe réside dans la générosité du personnage et dans cet épisode, alors qu'il n'était pas encore évêque. Un homme était si endetté qu'il n'avait plus d'autre solution pour subsister que de vendre ses 3 filles comme esclaves, chose courante dans l'Antiquité. Lorsque Nicolas l'apprit, celui-ci alla, durant trois nuits consécutives, jeter par la fenêtre de la chambre à coucher suffisamment d'argent pour que le père rembourse ses dettes et pourvoie ses trois filles d'une dot. Chose curieuse, certaines versions de cette histoire racontent que saint Nicolas aurait jeté les pièces... par la cheminée ! D'autres heureux faits viennent asseoir sa réputation, dans lesquels revient le salut de 3 personnes. Comme évêque, Nicolas fut amené à intervenir auprès du gouverneur de Myre en faveur de trois innocents qu'il sauva de la décapitation. Ensuite, c'est une intervention analogue auprès de l'Empereur Constantin en faveur de trois officiers injustement condamnés qui fit sa réputation. Une suite d'interprétations en Occident dans le courant du XII° siècle serait à l'origine de la légende que connaissent les Lorrains, épisode conté et connu sous la forme d'une chanson : "Ils étaient trois petits enfants qui s'en allaient glaner aux champs... " Ou comment trois petits enfants égarés se réfugièrent chez un boucher qui, après les avoir faits dîner, les coupa en petits morceaux avant de les jeter dans son saloir. Sept ans plus tard, saint Nicolas aurait demandé à goûter ce « salé ». Le boucher apeuré s'enfuit et saint Nicolas ressuscita les enfants.

Depuis le XIIème siècle, on raconte que saint Nicolas va de maison en maison dans la nuit du 5 au 6 décembre pour demander aux enfants s'ils ont été obéissants. Les enfants sages reçoivent des cadeaux, tandis que les autres reçoivent une trique donnée par le compagnon de saint Nicolas, le fameux père Fouettard, qui serait ni plus ni moins que l'incarnation du méchant boucher. C'est ainsi que saint Nicolas devint le patron des petits enfants et, par extension, des écoliers

J. Franc, Lorrain de naissance.

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