jeudi 14 janvier 2010

Une première : Quand le premier ministre décide la date de son départ

Dans un livre qui sort aujourd’hui jeudi, des propos étonnants sont prêtés au Premier ministre, François Fillon.

Il s'agit de La carpe et le lapin, d'Alix Bouilhaguet, journaliste politique à France 2 (aux éditions du Moment).

L'Express.fr en publiait, dès hier, de larges extraits.

Je ne l'ai pas lu mais, à parcourir L'Express, il y a - au moins - une révélation de taille dans ce livre.

On y apprend, en effet, que François Fillon quitterait Matignon "pas très longtemps avant les échéances (électorales) de 2012", suivant en cela un calendrier dont il a discuté avec Nicolas Sarkozy en mai 2008 : "On s'est dit les choses sur les échéances à cette occasion-là. Et comme ça correspondait exactement à ce que j'avais toujours estimé être...".

Voici l'extrait en question (qui rapporte donc une conversation ayant eu lieu en mai 2008 entre les deux hommes)...

"Ensemble, au fil de la discussion, ils évoquent de manière plus précise le calendrier. Ce fameux moment sur lequel ministres et observateurs spéculent à longueur de déjeuner, la date du changement de Premier ministre. 'On s'est dit les choses sur les échéances à cette occasion-là. Et comme ça correspondait exactement à ce que j'avais toujours estimé être...' confie François Fillon.

Autrement dit, le voilà qui aborde franchement avec Nicolas Sarkozy son départ de Matignon. Sarkozy a toujours soutenu la thèse que la question du remplacement du chef du gouvernement, sauf 'échéances politiques catastrophiques', ou 'crise grave' se pose au moment où le président de la République s'apprête à lancer sa candidature pour le mandat suivant.

Il a l'obligation de choisir un nouveau Premier ministre qui n'a pas le temps de s'user, de cristalliser les mécontentements contre lui. 'Ce ne sera pas à mi-quinquennat mais après, pas très longtemps avant les échéances de 2012', dévoile le Premier ministre".

Voilà un aveu de taille !

Il n'est absolument pas classique qu'un Premier ministre ose évoquer ainsi la date de son départ !

Cette décision reste une prérogative absolue et unilatérale du Président (sauf démission, bien évidemment).

Il n'est donc pas certain que Nicolas Sarkozy apprécie particulièrement de se voir ainsi dépossédé, et dans un livre (!), de sa liberté de changer de Premier ministre quand il le décide(ra)...
Par ailleurs, l'ouvrage révèle aussi que François Fillon aurait envisagé de démissionner en septembre 2007, quand les médias évoquaient de fortes divergences entre le Président et lui : "Je reconnais qu'à ce moment-là on a frôlé le clash. Vraiment."

Pour finir, Nicolas Sarkozy sera heureux d'apprendre que le Premier ministre écarte la possibilité de se présenter à la présidentielle de 2012 !

Une nouvelle candidature de Nicolas Sarkozy lui semble évidente : "Je n'ai fait le deuil de rien du tout. Simplement je ne serai jamais candidat contre le président de la République. La question est assez éclaircie pour la prochaine fois".

Deux infos en une... Dont une majeure.

Nicolas Sarkozy candidat en 2012 !

Et donc, pas François Fillon.

Là aussi, le Président, qui entretient le doute sur ses intentions, devrait apprécier.

Quant au choix de François Fillon, de ne pas "y aller" contre le Président, il rappellera aux connaisseurs les promesses d'un certain Edouard Balladur, devenu Premier ministre de François Mitterrand, à Jacques Chirac, entre 1993 et 1994.

Alors, pour en revenir au départ, visiblement déjà programmé de François Fillon de son poste, les propos entre guillemets du Premier ministre ont été démentis en fin de journée par Matignon.

"Le Premier ministre ne s'est jamais exprimé en ces termes" a ainsi déclaré sa conseillère en communication, Myriam Lévy (ancienne journaliste politique du Figaro...), qui a assisté à l'entretien du 28 août 2009 entre François Fillon et la journaliste qui signe le livre.

Mais, interrogée également par l'AFP, Alix Bouilhaguet a confirmé les propos de François Fillon qu'elle cite dans son livre, entre guillemets, en précisant même qu'elle a enregistré la conversation.

Eh bien c'est très simple.

Il suffit tout simplement de nous faire écouter rapidement cet enregistrement !

Et là, Nicolas Sarkozy pourra vraiment se fâcher...

Source : L'Expres

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