mercredi 27 janvier 2010

Il n’ y a pas que TF1 qui est à la botte…

En refusant de se rendre sur le plateau d'Arlette Chabot pour être le faire-valoir dans un débat honteusement imposé, Vincent Peillon se fait tirer dessus par les bonnes âmes du milieu. De tous côtés, on pointe en sa direction des index monosémiques. Y compris dans son propre camp, on n'affiche pas que des mines réjouies. Elle aura pris son temps, la direction du PS, avant de lui apporter son soutien. C'est que la chose est délicate. Les médias ce n'est pas une mince affaire. On réfléchit à deux fois avant d'engager les hostilités. Cela dit, le débat est bel et bien lancé. Ce n'est plus d'identité nationale dont il s'agit, mais d'identité médiatique ! De déontologie ! Du rôle du journaliste. De l'enquêteur. Du chroniqueur. De la façon dont l'information se fait ou doit se faire. C'est de liberté d'expression et d'indépendance qu'il faut parler désormais, n'en déplaise à madame Chabot (et d'autres !), jurant ses grands dieux qu'elle est innocente. Prise les mains dans la confiote, elle crie à la cabale ! Mais sa défense ne tient pas. Son exposition médiatique est trop importante. Trop de gens l'ont vue à l'œuvre. Le citoyen ne confond plus journaliste et tapis de sol.

Désormais la question est la suivante : faut-il continuer à jouer le rôle de média passe-plat ou faut-il revenir aux fondamentaux ? Depuis le refus de Peillon, on a tenté le coup du discrédit ou de l'ostracisme politique. Tous les ressorts de l'institution ont été mis en place pour dégrader l'image d'un citoyen aux yeux de l'opinion. Trop tard. Bien que, dans un premier temps, la chose a failli réussir. Heureusement que, pas dupes, des citoyens ne sont pas tombés dans le piège tendu par les pouvoirs, politique et médiatique. Du boulot jusqu'aux relations avec son banquier, en passant par la santé, les retraites et l'éducation, les sujets à soucis ne manquent pas chez les citoyens. Tout le monde attend les bonnes initiatives. Or c'est toujours par la peur que le journaux s'ouvrent, que le gouvernement s'exprime. Qu'on esquive et qu'on invente des nouvelles façons d'avoir peur. Haïti ! Voilà un pays dont personne n'a que faire depuis des lustres. Oh, la belle faille !, labourant les entrailles de la terre au bon moment ! Tremblez manants ! C'est à l'heure de grande écoute qu'on programme les sujets susceptibles de détourner l'attention des citoyens, comme l'identité nationale et l'insécurité, avec des présentateurs godillots totalement acquis à la cause.

C'est quand même le comble qu'avant de dénoncer la dérive médiatique et de pousser les acteurs à un vrai et grand débat, nous devions presque nous imposer l'obligation de dire ou d'écrire : « attention, je n'aime pas Peillon ». Comme si, disant cela, nous donnions plus de force à notre déclaration, prenions la précaution de ne pas être éclaboussés par la honte qui s'abat sur lui. Depuis son esclandre, monsieur Peillon passe pour un voyou dans certaines rédactions. D'autres, se frottant les mains, font leur beurre,  publiant interview et mises au point. C'est juste s'il n'est pas devenu le Jacques Mesrine des plateaux télé. La brutalité de certaines réactions renforce l'idée d'une connexion média/pouvoir que chacun subodore depuis longtemps mais qui désormais s'impose comme une évidence.

France télévisions a beau s'indigner et multiplier les déclarations sur l'honneur et l'indépendance pour se couvrir, mais France télévisions est bel et bien à la botte. Demandons aux journalistes du service public les conditions dans lesquelles ils exercent leurs métiers et vous découvrirez qu'entre les déclarations de la direction et sa base il y a plus que des petits désaccords. La direction du service public concerné a beau se dire « scandalisée » par les appels à la démission lancés par des responsables politiques (avec un temps de retard certes), il n'en demeure pas moins que quand, dans une entreprise, un employé fait mal ou ne fait pas son boulot, on lui colle un blâme ou on le licencie pour faute professionnelle. Or que sont-ils les responsables de France télévisions ? Les employés de la France et des français. C'est à eux qu'ils doivent des comptes.

Vite qu'on envoie valser cette Vème république obsolète et qu'on plante les bases d'une VIème pour laquelle nombreux sont ceux qui militent dans le pays. Ouvrons le débat : les médias sont-ils complices du pouvoir ? Quelle question !


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